Navigations
(Chaufferie Villette, face Nord, 14 octobre)
Le mois d'octobre s'est achevé en commençant la semaine à 7 milliards, grâce à la petite Danica. Il a vu aussi la déconstruction de la chaufferie Villette révéler une sculpture... paradoxale, ou plutôt une désculpture qui échappera à tous les conservateurs des musées du monde.
Selon une synchronicité bien saisonnière, elle interprète une décroissance. A rebours de la démarche officielle constructionneuse et boulimique, le sujet, en se réduisant, augmente l'Espace et l'Ouvert.
Cette agonie est féconde. Ses "états" sont photogéniques et son inscription dans le temps chronologique lui donne même une résonance pathétique.
Petit à petit, après de nombreuses navigations "sur le motif", et plus de 200 croquis photographiques, ce chantier prend une autre dimension: il semble que la déconstruction soit analogue à une transmutation, à un processus dans lequel la destruction n'est pas (n'est plus) morbide.
Les remords n'ont plus de place et certaines pensées ne sont plus utiles: l'idée de perte, qui fleure bon l'instinct de propriété en justifiant l'illusion du manque, et l'idée du manque qui cautionne l'illusion de la perte-séparation.
Le deuil (re)devient créatif. La cadence des grutiers (qu'il vaut mieux anticiper) se mélange aux séquences de la lumière naturelle et aux magies graphiques d'une géométrie chronologique.
Ci-dessous, l'état totémique de la chaufferie (pour quelques heures seulement), face Est, du 1er novembre de tous-saints (non chaumé sur le chantier):
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