Tétine

Apprendre à voir (suite).

(Rembrandt, Autoportrait, eau-forte et burin, 1630)

La musique m’a beaucoup appris à « écouter » (et ça continue, inch allah…). Mais le désir de quitter le statut de consommateur musical passif soulève la question : qu’est-ce qui le pousse à faire çà ? (par exemple : le solo de John Coltrane dans Naïma).
C’est la même question pour les arts visuels. Pierre Soulages a dit, dans une phrase qui m’accompagne depuis longtemps :

C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche.

(P. Soulages, eau-forte, 1957)

Il y a probablement quelque chose de similaire avec la transmission des instructeurs qui nous apprennent à apprendre à voir : qu’est-ce qu’il (ou elle) est en train de me dire, de quoi est-il en train de me parler ?
Le musicien parle musicalement, le peintre parle visuellement (quitte à avoir recours à la gamme des illusions d’optique). Mais les instructeurs vont plus loin, ils parlent de la pratique d’apprendre à être.
De mon côté, ne suis-je pas en train de me contenter de siroter quelques formules, au risque de les convertir en « doudous » du mental (Il y a toujours un petit fétichisme planqué quelque part) ?
Mais il est peut-être trop tôt pour laisser tomber ma tétine ?

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