Atelier-jonque de géométries spirituelles

mardi 24 avril 2007

Louve


La question de savoir « de quoi se nourrit-on » se repose avec ce nouvel épisode des Téteurs mythiques.

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La mythologie romaine contient, elle aussi, un symbole bipolaire (voir carré bi) relativement troublant. Romulus et Rémus (tous deux fils d’un dieu, quand même) se nourrissent aux seins d’un être tout aussi ambigü : la Louve, image de la Nature bienveillante mais aussi de l’étymologique lupanar.
Et puis, Romulus fonde Rome (geste superbe de civilisation), mais que devient Rémus ? A l’ombre ? Il paraît qu’il franchit par dérision le sillon sacré (pomœrium) que vient de tracer Romulus qui le tue sous le coup de la colère.
Carrément.

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L’ambiguïté de la Louve ne diminue en rien son aspect tragique (voir la vision de Du Bellay).
La nourriture originelle de cette lignée (l'impérialisme à la romaine) fait donc craindre une croissance florissante des lupanars de l’âme.

Vision (1558)

Une louve je vis sous l'antre d'un rocher
Allaitant deux bessons : je vis à sa mamelle
Mignardement jouer cette couple jumelle,
Et d'un col allongé la louve les lécher.

Je la vis hors de là sa pâture chercher,
Et, courant par les champs, d'une fureur nouvelle
Ensanglanter la dent et la patte cruelle
Sur les menus troupeaux pour sa soif étancher.

Je vis mille veneurs descendre des montagnes
Qui bordent d'un côté les lombardes campagnes,
Et vis de cent épieux lui donner dans le flanc.

Je la vis de son long sur la plaine étendue,
Poussant mille sanglots, se vautrer en son sang,
Et dessus un vieux tronc la dépouille pendue.

Joachim DuBellay (1522-1560)
http://www.site-magister.com/grouptxt0.htm

Les hommes peuvent être ingrats, parfois...


Attention, celle-là est à Paris ! Chantée par le beau Serge (Reggiani), italien quand même... Prémonitoire, déjà...

1- Louve, relief, Musée romain d’Avranches, 2- Lupa, Siena Duomo pavimento (G.Beccafumi), 3- Louve, emblème gravé (J.Sambucus-1567), 4- Louve du Capitole, 5- Louve (w.cmontmorency.qc.ca), 6- Lupercalia (G.Beccafumi), 7- Romulus et Remus (Rubens, w.histoiredumonde.net), 8- Louve à Paris (w.nanard-jones.club.fr).

Belles pages italiennes, sur les traces de la Louve:
http://www.casa-in-italia.com/info/Siena_fr.html
http://clg-evariste-galois.scola.ac-paris.fr/rome/descript.html

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Charmante Elvire merci pour cet article de rome antique & saint chroniqe ;-)

Anonyme a dit…

Cher Djaipi, il m'est arrivée une curieuse chose en lisant votre note. Au lieu de lire téteurs mythiques j'ai fait un "lapsus" de lecture et j'ai lu téteurs mystiques.J'ai continué avec cette idée en tête est suis tombée dans une profonde réflexion sur cette idée. C'est en regardant les images et la suite du texte que je me suis rendue compte qu'il n'y avait aucune cohérence ce qui n'est pas le genre de Djaipi. j'ai compris mon erreur mais ce genre de lapsus n'est pas innocent et je me pose des questions sur ces téteurs mystiques dont l'image et l'idée se sont imposées à moi. Curieux.

djaipi a dit…

Chère Ariaga – Figurez vous que je me pose la même question, le téteur mystique est une énigme, j’ai bien une petite idée, mais elle sera prête jeudi ; c’est d’ailleurs au départ une note inspirée d’un commentaire de Lung Ta.(hé, hé… d’un com’ deux réponses).
Lungta – heu… qui est donc cette Elvire ?

Anonyme a dit…

Là, j'ai des réponses: les téteurs mystiques seraient les dharms bums chers à Jack (avez-vous lu "Les Clochards Célestes" de Kerouac? Jamais rien lu de mieux sur le bouddhisme!) et Elvire serait la charmante personne à qui s'adresse le grand Serge dans "les loups sont entrés dans Paris".
Bonne journée à tous.

Anonyme a dit…

Vivement que l’on remette au goût du jour les anciennes Lupercales… !
Fêtes de purification annuelle célébrées à Rome chaque année, le 15 février, comportant un sacrifice et un banquet, dont l'épisode le plus important était la course qu'exécutaient, à moitié nus, les prêtres ayant accompli ce sacrifice autour du Palatin, et durant laquelle ils flagellaient les passantes à coups de lanières de cuir, cette pratique passant pour assurer leur fécondité. On peut imaginer, la débauche générale n’était pas loin. Auguste écarta de la fête les moins de treize ans et fit échelonner sur l’itinéraire de la course des chevaliers en grande tenue. Ces Lupercales eurent la vie dure, jusqu’à ce que le pape Gélase les remplace en 494 par la fête de la Purification de la Vierge.
Où va se nicher l’esprit Saint…!

djaipi a dit…

Merci pour tous vos cailloux blancs !
-- Oui, Marc, les clochards célestes sont peut-être bien ces SDF (Sans Dieu Fixé) agités par une soif qu’on n’ose pas toujours reconnaître en soi-même. Et puis la belle Elvire, bien suuur, (prémonitoire de la société de spectacle ?) qui invite à chavirer – parce qu’Elvire Debord tout le temps…(oui, je sais, elle est facile…)
-- Oui, GDS, les mises en scène des facéties de la psyché n’ont pas disparues pour autant. Des Lupercales contemporaines continuent de nous vendre des spizzas mélodramatiques.

Mais je ne peux donc cacher plus longtemps ce goût (qui ne vous a pas échappé) pour les seins de l’Esprit.

Anonyme a dit…

Il en sait des choses l'ami grainsdesel. Je m'en vais, je l'espère, quand la nuit sera venue téter le lait mystique des rêves. Bonsoir à tous.

Anonyme a dit…

Pour Elvire, la réponse a été apportée

Pour Kerouac, c'est en effet une belle vision du bouddhisme, mais une vision particulière, en tout cas dans les 1ers essais de retranscrire dans le monde occidental le bouddhisme, un précurseur