Atelier-jonque de géométries spirituelles

jeudi 2 août 2007

Compas (2)

Lundi 23.

Industrie et réalités des mondes virtuels. Ou comment faire du business avec du rien (ou plutôt du mental). Roger Caillois se retourne (de rire?) dans sa tombe.
Deux exemples :
- Second life est un espace dans lequel on peut acheter/vendre de l’immobilier virtuel (imaginaire) avec de l’argent « vrai ». Il faut commencer par se créer un avatar, un double. Psychiquement parlant, ça commence bien… Voici quelques échantillons du matériel disponible pour jouer au Doc Frankenstein. Il y en a d'autres dans cette galerie de superbes cybermonstruosités.


- World of warcraft est un espace virtuel et commercial fondé sur les jeux et les combats. Le but est de gagner des pièces d’or en tuant des monstres. Il y a une guilde (groupe) française nommée « Millenium ». Les joueurs essaient de gagner entre 30.000 et 50.000 pièces par jour. Le taux est : 260 pièces d’or = 10 €. Il y a un gros trafic d’argent (vrai) et de contrebande.


Les dépenses sont d’environ 100$ par semaine par des milliers de joueurs. Il existe environ 6 millions de joueurs. Il y a de véritables entreprises qui emploient des ouvriers du monde virtuel. Le chiffre d’affaire des jeux virtuels est plus important que celui du cinéma.
Le principe psychologique est donc de se créer un avatar, un autre "moi". Il y a des mages, des alchimistes etc… C’est une schizophrénie mondiale. Surtout en Corée où les jeux virtuels sont officiellement encouragés par le gouvernement car ils génèrent des profits. Les joueurs coréens professionnels commencent leur formation à partir de 10 ans. Il y a quand même un joueur qui est mort après avoir joué sans interruption pendant 86 h (quatre vingt six = trois jours et demi). Il y a donc maintenant des centres de dépistage pour les accrocs aux jeux virtuels. Néanmoins, la population des joueurs va doubler dans les 4 prochaines années.

......
Source : Canal +, documentaire, 23.07.07, 22h 30.
Images : Daz3D.com.


-----o-----
Mardi 24.

Climat social et politique : on voit se dessiner un bonapartisme rampant, à l’american sauce. Markeeting idéologique, abondance d’effets d’annonces pour engraisser l’hypnose collective.


Vous n’échapperez pas (du moins à sa lecture) à l’histoire maintenant bien connue de la grenouille. Brièvement : deux situations.
1) Plongez une grenouille dans une casserole d’eau à 80° (à 100°, elle ne peut vraiment pas s’en sortir). La bestiole cherche immédiatement à bondir hors de la casserole, il y a danger.
2) Plongez une grenouille dans une casserole d’eau froide (ou tiède). La grenouille « supporte », tranquille. Le feu sous la casserole fait monter progressivement la température. La bestiole est incommodée, mais bon, elle continue à supporter, ramollie. L’eau atteint les 80°, la grenouille est tellement affaiblie qu’elle ne peut plus réagir. C’est fini.

-----o-----
Mercredi 25.

Hypermatière. Grâce à l’électronique, il existe une "traçabilité" des mots. Ils sont codés de telle façon qu’ils sont repérables par des "radars" (moteurs de recherche etc.). La saisie électronique d’un texte sous entend un pouvoir multi dimensionnel : chaque mot est en puissance un hypermot, cliquable vers des dimensions qui le dépassent, des images, des sons ou encore une page entière… d’hypermots ! Tout ce merveilleux attirail de programmations ressemble évidemment de trop à la façon de fonctionner de l’intellect et du mental. On peut se noyer dans les mêmes labyrinthes : formatages, cloisonnages, cryptages, systèmes de classements, d’archivages, de catégorisations, de hiérarchies etc. sans oublier les tags et les flux (auxquels je n'ai encore rien compris)…


On peut cependant accéder à un espace de créativité plus ouvert : le corps d’un blog ou d’un site a une matière interactive avec elle-même. Et on ne peut pas l’empêcher de provoquer la créativité de ses pratiquants. Il est composé d’une hypermatière qui a, elle aussi, une topologie, c'est-à-dire des limites ou mieux, des niveaux.


kosarev (w.lookmind)
Lorsque la peinture (ou la sculpture) arrive au point géométrique où elle finit par ne plus parler d’autre chose que d’elle-même, elle se compromet avec des discours engraissés par des kilos de textes justificatifs, souvent philosopheux, intellos, entropiques et finalement abscons. Le numérique en prend-il le chemin?


Tables 3 (w.erwinolaf.com)
L’informatique, avec son hypermatière, vit aussi un narcissisme quasi pornographique lorsque sont vantés tous ses charmes (et même ceux qu’elle n’a pas) par des arguments markeeting, compétitifs et pseudo hédonistes (le bien-être, le confort, l’importance personnelle…). La question du « contenu » reste une plaie béante.


Ordis (w)
Le numérique peut-il déclencher la magie de la catharsis chez le spectateur ? Peut-il jouer un rôle de transmission entre un niveau de conscience et un autre ? En tout cas, il donne à la connaissance une vitesse de circulation phénoménale. Il peut même, pour certain(e)s, occasionner une pratique...


sekretar (w)
Mais l'outil informatique participe tout de même (au mieux, il est utilisé à son corps défendant) à la frénésie consumériste qui illustre une bonne partie du chaos actuel (qui a, lui-même, une topologie intéressante). On peut souhaiter que l’informatique ne devienne pas la Prostituée en chef de cette nouvelle Babelone et que certains feront d’elle l’instrument d’une danse sacrée avec eux-mêmes.



-----o-----
Vendredi 27.

Les miroirs d’un blog. Je prenais des notes sur l’imbroglio psychologique de ma famille (je crois que, grosso modo, nous avons tous droit à un « package »…) et sur la façon dont le corps émotionnel transpire des mémoires du passé, des non dits, incompréhensions et malentendus proportionnés à chacun (un pet de mouche pour l’un est une bombe atomique pour l’autre (et vis et versa).
C’est alors qu’a (re)surgi la figure du Spectateur, ou du Lecteur, à qui s’adressent, en principe, les billets de ce blog. A peu près tout pratiquant d’un blog s’est posé cette question, ne serait-ce qu’une fraction de seconde. Qui ? Question koan.
Et puis, il y a évidemment la question symétrique : qui est ce djaipi qui vous présente les tribulations d’une enquête à propos d’un cuboïde symbolique ? Je suis (presque) sûr que je ne connais pas celui que vous vous imaginez. Et vis et versa. Je n’ai réellement aucune idée de l’effet, si jamais il y en a un, que va vous produire un billet de la Jonque. Le silence n’est pas révélateur de quoique ce soit. C’est le voile ambigü d’une présence muette. Des commentaires quels qu’ils soient (même si j’apprécie) ne changeront pas le mystère. Mystère de la pratique d’un blog, véhicule au format singulier, à travers lequel peut, éventuellement, passer une substance transformatrice qui prendra la forme d’une bougie, d’un ouvre-boîte, d’un détonateur ou d’une pépite.

-----o-----
Dimanche 29.

La mort… Voilà un bon repère pour distinguer ce qui nous reste à faire.
Revisité Lie Tseu (Le Vrai Classique du Vide Parfait). Les taoïstes recommandent, eux aussi, de manger lorsque l’on mange, de rire lorsque l’on rit, de pleurer lorsque l’on pleure.


Jonque-origami (djp)
La Jonque est au port (du silence). J'en suis loin. Il y a bien une boîte aux lettres. Ca fait partie de son principe, de son jeu. Et je suis sûr de ne pas être le seul joueur. Cette Jonque ne m’appartient même pas. Ce qui va s’y passer est encore inconnu. Seul, ce parfum de Géométrie spirituelle qui flotte...

-----o-----

Aucun commentaire: